La crise climatique oblige de nombreux secteurs à faire évoluer leurs pratiques, et l’immobilier n’échappe pas à cette remise en question. Longtemps perçue comme une simple fonction technique ou administrative, la gestion locative est aujourd’hui en première ligne face aux exigences environnementales. Entre pression réglementaire, attentes croissantes des locataires et vétusté d’une partie du parc, la question se pose : comment faire évoluer les pratiques, sans tout bouleverser du jour au lendemain ? Voici quelques pistes concrètes pour amorcer le changement, pas à pas, à votre échelle.
Immobilier et écologie : état des lieux
Le secteur du bâtiment est l’un des plus énergivores en France. À lui seul, il représente près de 44 % de la consommation énergétique finale et environ un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre. En 2025, il est difficile de parler de transition écologique sans interroger les pratiques immobilières, et particulièrement la manière dont on gère, entretient et loue les logements.
Pour limiter les impacts environnementaux du secteur, le gouvernement a instauré diverses mesures. À titre d’exemple, pour inciter à la rénovation du parc existant, la loi Climat et Résilience impose des restrictions de plus en plus strictes. Les logements les plus énergivores (classés F et G au DPE), surnommés « passoires thermiques », sont dans le viseur. Depuis 2023, leur loyer ne peut plus être revalorisé, et leur interdiction de mise en location est prévue en plusieurs étapes :
- dès 2025 pour les logements classés G ;
- 2028 pour les F ;
- et 2034 pour les E.
Cela concerne encore aujourd’hui plus de 5 millions de logements, soit près de 17 % du parc locatif, avec un impact direct pour les propriétaires et les professionnels de la gestion locative.
Repenser la gestion locative en période de crise climatique : une opportunité plus qu’une contrainte
Nous traversons actuellement une véritable crise climatique, avec des effets visibles sur nos bâtiments, nos villes et notre manière d’habiter.
Cette crise concerne tout le monde, et même les professionnels de l’immobilier. Aujourd’hui, gérer un bien ne se résume plus à trouver un locataire et assurer son entretien courant. Il faut aussi composer avec des exigences environnementales de plus en plus fortes, des réglementations qui évoluent vite et des attentes nouvelles du côté des locataires.
Face à cela, beaucoup de propriétaires et de bailleurs voient surtout des contraintes :
- travaux à engager ;
- loyers encadrés ;
- diagnostics immobiliers à refaire…
Or, il est pourtant possible d’y voir une vraie occasion de faire évoluer son métier. Un logement mieux isolé, c’est moins de dépenses d’énergie pour le locataire, mais aussi moins de sinistres liés à l’humidité ou au froid, donc moins de gestion de litiges à long terme. Un air intérieur plus sain, c’est un confort de vie supérieur et un engagement renforcé du locataire, qui se projette plus facilement. Un bien conforme aux nouvelles normes, c’est une tranquillité d’esprit pour le bailleur, mais aussi une meilleure valorisation du logement dans le temps, voire un avantage concurrentiel dans un marché tendu.
Autrement dit, ce qui est perçu comme une contrainte aujourd’hui peut devenir un vrai atout locatif demain. Certains gestionnaires l’ont bien compris et intègrent déjà dans leurs services des conseils en rénovation, un suivi des consommations, ou une veille réglementaire active. Résultat, les logements sont mieux entretenus, les locataires sont plus satisfaits et la relation propriétaire-gestionnaire se voit améliorée.
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Par où commencer ? Quelques pistes concrètes pour une gestion locative plus durable
Transformer la gestion locative dans une logique plus écologique ne veut pas dire tout bouleverser du jour au lendemain. En revanche, certains leviers peuvent être activés rapidement, même à petite échelle, pour amorcer une démarche plus durable et valorisante à la fois pour les biens comme pour les occupants.
Vous pourriez, par exemple :
- Identifier les logements prioritaires à rénover pour cibler les passoires énergétiques ou les logements à risque sanitaire et de hiérarchiser les interventions à prévoir.
- Intégrer les enjeux environnementaux dans la relation locative (informer les locataires sur la consommation du logement, suivre les charges énergétiques, proposer de petits gestes à adopter…).
- Vous appuyer sur des outils numériques adaptés pour centraliser les données techniques des logements, suivre les consommations, planifier les travaux, etc.
Enfin, n’oubliez pas de valoriser cette démarche dans votre offre de services. Les gestionnaires qui intègrent une dimension environnementale à leurs prestations peuvent se différencier : par une meilleure fidélisation des bailleurs, une attractivité renforcée pour les locataires, et bien plus encore.
Ce positionnement peut aussi répondre à une problématique bien concrète : les vacances locatives. Le Plan national de lutte contre les logements vacants rappelle que le besoin en travaux, notamment énergétiques, est la première cause de vacances durables. Et le phénomène est d’ampleur. Au 1er janvier 2017, 4,3 % des logements en France métropolitaine étaient vacants depuis plus d’un an, soit 1,2 million de biens, selon un rapport du ministère de la Transition écologique. Autrement dit, un logement négligé sur le plan énergétique est aussi un logement plus difficile à louer. Agir sur la performance, c’est donc aussi réduire le risque de vacances et assurer une meilleure rentabilité.
Vous l’aurez compris, il est tout à fait possible d’amorcer une transition écologique à l’échelle de la gestion locative sans attendre un grand plan d’investissement. Ce sont souvent les premières actions, même modestes, qui permettent d’enclencher un changement plus global et de repositionner son activité professionnelle sur des bases durables.